Abstract
Poète du retour à l’antique qui investit l’Europe à la fin du XVIIIe siècle, André Chénier est aussi l’auteur de deux épopées «modernes», l’Hermès et L’Amérique, où il voyait son entreprise majeure. Sous sa plume, l’épique devient une exploration du savoir, sans se confondre pour autant avec la poésie didactique. Porteuses d’une visée philosophique héritée des Lumières, les deux œuvres déplacent les frontières du genre, en redéfinissant potentiellement ses contenus et ses codes. Potentiellement, puisqu’elles sont restées l’une et l’autre à l’état de chantier, preuve s’il en est des contradictions où elles sont enserrées, ce qui les rendait peut-être irréalisables. En effet, si l’objectif du poète est résolument moderne, la référence aux textes de l’Antiquité reste incontournable à ses yeux, comme modèles génériques et sources d’inspiration dont les modernes ne laissent pas d’être tributaires. L’épopée antique se prête-t-elle à définir l’épos auquel la modernité aspire?